Rencontrer Paul Wallach, c'est avoir envie de lui parler. Il a ce type de sourire qui efface les yeux dans une multitude de plis et qui ponctue le visage de deux fossettes. Parmi les nombreux artistes de l'édition 2015 de L'art dans les chapelles, dans le Morbihan, Paul Wallach est l'invité phare. Depuis 24 ans, ce festival conjugue art contemporain et patrimoine religieux de la région de Pontivy en centre Bretagne. A chaque site son oeuvre, créée spécialement pour l'occasion.
La peur de se retrouver ignare face au mépris de l'artiste contemporain s'estompe vite tant Paul respire la gentillesse. Les regards accrochent. D'emblée, la conversation est fluide. Nous parlons de sa venue en Bretagne. “L'accueil ici est chaleureux, apprécie l'artiste. Les gens se cotoient facilement et vous invitent à leurs tables. C'est très différent des autres lieux où j'ai exposé.”
Paul vit à Paris depuis 20 ans. C'est sûr que le vernissage de la foire internationale de l'art contemporain (FIAC) parisienne ne doit pas faire le même effet que les grandes tablées garnies de cochon grillés dans le hangar d'un agriculteur breton.
Paul Wallach a été invité à exposer en pays armoricain pour deux occasions. D'abord à la chapelle Saint-Nicolas-des-Eaux, où ses sculptures, conçues pour le lieu, ornent la nef, dans le cadre du festival de l'Art dans les Chapelles.
Puis, au château de Kerguehennec où les écuries ont été aménagées pour recevoir son exposition “When what was”, exposition permanente du musée d'art moderne de la ville de Saint-Etienne. La taille de l'espace est la plus grande difficulté à laquelle il a fait face dans ces écuries.
Malgré un français parfait, l'accent trahit ses origines. Paul est né en 1960 à New York, capitale artistique du monde. Après un master en arts appliqués à l'université de Boston, il voyage en Europe. Il tombe en admiration devant Florence où il reste deux ans.
Sa carrière commence véritablement à son retour aux Etats-Unis quand il commence à travailler dans le studio de Mark Di Suvero. L'expérience est une formation décisive. Paul précise : “il n'y avait pas de concurrence entre nous : les mesures n'étaient pas les mêmes. Les oeuvres de Mark Di Suvero sont colossales. Les miennes sont à taille humaine”.
En 1994, entrainé par sa femme, autrichienne, il s'installe définitivement à Paris. “Je suis Américain, ma femme autrichienne, nous vivons à Paris... J'aime cet anonymat. Cela me correspond.”
Paul affirme : “il y a peut-être des artistes qui savent où ils vont, moi, je suis en pertpétuel questionnement, je fais des aller-retours. L'important est d'être etonné.”
Et c'est l'étonnement que ressentent les spectateurs dans l'exposition. Selon une habituée du festival, l'élégance de ses sculptures attire jusqu'au point de vouloir les toucher. Mais l'artiste se précipite à temps pour formuler l'interdiction formelle. Ainsi la fragilité avouée de la sculpture la rend étonnament éphémère. La spectatrice ajoute : “il ne suffit que d”un souffle pour que tout s'effondre”. En effet, la porte du fond de la pièce est condamnée le temps de l'exposition pour éviter les courants d'air.
Paul confirme les soupçons en se qualifiant tel quel : “je suis d'une nature légère, je ne me pose pas. Je reste honnête à ma nature”. Ses sculptures sont en constante
recherche d'équilibre, comme sa pièce maîtresse aux écuries de Kerguehennec.
Si l'oeuvre casse, il laisse les traces de l'accident parce qu'elles font partie de l'histoire de l'oeuvre. “C'est une prise de risque, ça peut tomber, s'abîmer. C'est ce qui lui donne de la valeur”.
“C'est là l'instant où l'on est heureux. Cet instant où tout se tient, l'instant de grâce.”
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Malou (lundi, 05 octobre 2015 19:27)
Paul Wallach expose également dans une galerie parisienne dans le troisième arrondissement, la galerie Jaeger Bucher.
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