Barbaros Sansal

"Des citoyens de seconde zone"

gay turquie

Alors que l’homosexualité est encore considérée comme une maladie par certains membres du gouvernement turc, Barbaros Sansal, porte-parole de la communauté LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et trans) d’Istanbul, a milité pour les droits des homosexuels lors des révoltes de la place Taksim. Rencontre.

gay istanbul

« Il ne fait pas bon être homosexuel en Turquie », affirme Barbaros Sansal. Figure publique, lui a choisi de l’assumer.

« J’ai tout simplement répondu à une question lors d’une émission télé, explique celui qui s’est découvert gay à l’âge de 7-8 ans. Pour moi, il n’y a aucune raison de le cacher. » Aujourd’hui, Barbaros vit avec son « partenaire, en affaire et dans la vie ».

Mais cette vie au grand jour n’est pas sans risque. « Si un jeune homme est efféminé, son école appelle les parents pour leur demander de le retirer de l’établissement. Ils ont ensuite beaucoup de mal à trouver un travail. Beaucoup en arrivent à la prostitution. »

"Je me suis fait violer par des policiers."

     Cette pression, Barbaros Sansal l’a ressentie dès le service militaire. « J’ai été envoyé dans un hôpital pour y subir des tests. Les médecins ont conclu que j’étais malade : homosexuel. » Les violences se poursuivent. « Je me suis fait violer par des policiers, une arme pointée sur ma tête. »

Une communauté importante, présente mais discrète

     Istanbul est pourtant connue par les touristes gays – en provenance notamment du Moyen-Orient – et pour sa vie nocturne animée. À partir de 22h, les rues perpendiculaires à l’avenue Istiklal s’animent, se parent de drapeaux arc-en-ciel et se remplissent d’hommes qui ne cachent plus leur goût pour des personnes de leur sexe. Ci-dessous, les lieux les plus fréquentés.

Complexe et pression sociétale

     En dehors de ces lieux, selon Barbaros Sansal, il n’y a pas que les militants qui subissent l’homophobie. Toute la société en est imprégnée.

     Outre son statut de porte-parole, Barbaros Sansal est connu pour son métier. Ce grand couturier est amené à travailler dans différents pays et côtoie des grands noms de la jet set. Il est installé dans un immeuble chic de la rue Inönü, « à quelques pas du bureau du Premier ministre », aime-t-il rappeler. Le créateur vit au sixième étage. Au rez-de-chaussée, 28 employés travaillent dans son atelier.

Un discours à relativiser

     Quand un étranger découvre Istanbul, il est intrigué par le contact facile des Turcs – que Barbaros Sansal dit disparu -, nombreux sont les hommes qui se baladent bras-dessus bras-dessous, sans complexes. Ce geste n’ayant pas de signification sexuelle ici. Le porte-parole, qui ne cache pas son appartenance à la classe aisée de la population turque, dresserait-il un tableau caricatural, dépassé ou du moins en décalage avec le quotidien actuel des jeunes Stambouliotes ? Non. « On ne peut pas vraiment se tenir la main dans la rue », confirme Rocinante, jeune lesbienne habitant la rive européenne de la ville. L’homophobie ambiante devient même explicite face aux administrations, ou lors de possibles discriminations à l’embauche. Quant à l’accès au logement : « Les homosexuels essuient parfois des refus. Et quand ils obtiennent un bail, les propriétaires augmentent les loyers, spécialement pour eux… » Une situation que les LGBT français ont également connu, avant d’en sortir progressivement. Dans une société majoritairement musulmane, les Turcs attendent de franchir les mêmes étapes, même si le processus se révèle plus lent et tardif.


Anne-Emmanuelle Lambert et M. Guiho

droits lgbt

Commentaires: 1
  • #1

    Nesrin Ulas Combot (dimanche, 23 août 2015 10:02)

    Vous êtes toujours un homme et un citoyen de 1ère classe bien sûr ! nous pouvons le décider seulement, pas les imbéciles!!!!