Gaëtan Delaunay

« Je me sens bien tout court, ici ou ailleurs »

badiane alençon

Certains jeunes ont décidé de vivre d’une manière alternative. Aujourd’hui, Gaëtan Delaunay, gérant du Badiane, à Alençon, dans l’ouest d’une France rurale.

     « Il y a une espèce de mode à Alençon qui consiste à dire : c’est pourri, il faut aller ailleurs. Je ne suis pas d’accord avec ça. » Gaëtan Delaunay, 35 ans, est né à Avranches, dans la Manche. Il est arrivé à Alençon en 1994 car ses parents y avaient trouvé du travail. Pour lui, la question du lieu de vie est un faux débat. « Le problème, ce n’est pas où, c’est comment. Si je ne suis pas bien ici je ne serai pas bien ailleurs. Plutôt que de s’en aller, il faut rester, vivre selon ses valeurs et savoir s’en rendre compte quand on est heureux. »

Le jeune homme joint les actes à la parole. Après avoir été animateur puis marchand de thé ambulant pendant deux ans, il lance en septembre 2013 le Badiane au 143, Grande Rue. « J’avais envie d’ouvrir un bar et un salon de thé. J’ai fait les deux dans un même lieu. » Rapidement, le concept trouve son public. Des inconditionnels du thé aux amateurs de bières, des studieux à la recherche d’une connexion Internet dans un lieu calme aux musicos qui veulent jouer quelques morceaux à la guitare… Gaëtan Delaunay a réussi son pari : faire se rencontrer des gens qui ne se ressemblent pas, faire échanger des gens qui ne se connaissent pas. « J’ai créé le lieu dont moi j’avais envie, résume-t-il. J’ai l’impression que je n’étais pas le seul. »

Pouce levé

lever pouce

Pour se rendre au travail depuis son domicile à Radon, Gaëtan se déplace exclusivement en stop. « J’ai choisi de ne pas passer le permis pour une raison toute bête : quand je fais du stop, je rencontre des gens. » Avec le temps, le gérant voyage de plus en plus souvent avec les mêmes personnes. Mais l’esprit n’a pas changé. « Au Badiane, je suis le patron. Quand je lève le pouce au bord de la route, je suis le mec qui attend qu’on veuille bien l’aider. Ça remet les idées en place. »

En dehors du Badiane, Gaëtan s’engage pour la musique avec le festival La ferme k’on écoute. « L’idée est de proposer des concerts de qualité, pas chers et à la cool, sans règles ni contraintes. Pour cela, il suffit de faire confiance aux gens. » La 9e édition a eu lieu en avril dernier mais des soirées musicales sont aussi organisées tout au long de l’année, «quand on en a envie ». Pour Gaëtan, La ferme k’on écoute reflète bien la richesse de la vie alternative locale, même s’il n’aime pas ce terme. « Alençon est une ville qui a bénéficié de ses défauts. A une époque, il ne s’y passait rien. Alors les gens ont commencé à organiser des événements en campagne. Il y a beaucoup de choses alternatives à faire à Alençon et autour. Il n’y a qu’à en découvrir un pour en trouver cent. »


Anne-Emmanuelle LAMBERT.


Le Badiane, 143 grande rue, Alençon
Le Badiane, 143 grande rue, Alençon
le badiane

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