Jérôme Verrier

Créateur de la marque Six One

Sa marque locale dépoussière l'image de l'Orne

     Il pêche à la mouche, vient d'acheter une voiture 100 % électrique, a installé des poules qui mangent ses déchets à côté de son potager bio... Mais Jérôme Verrier n'est pas du genre à se revendiquer écolo. Surtout pas. Ce chef d'entreprise de 43 ans n'aime pas les étiquettes. Pourtant, quand il a choisi de lancer une marque pour dynamiser l'image de la ville, il y a un peu plus d'un an, il a opté pour des T-shirts 100% coton biologique.

     Originaire de Château-du-Loir dans la Sarthe, Jérôme Verrier est une « pièce rapportée à Alençon depuis 18 ans ». Il rencontre sa femme à Lisieux, alors qu'il fait des études de graphisme. Tous les deux obtiennent un stage à l'imprimerie Normandie Roto, à Lonrai. Lui dégote ensuite un premier emploi dans une entreprise de sérigraphie où il restera salarié pendant sept ans. 

Dessins corrosifs

     « J'ai dépensé mon premier salaire à librairie Bulle au Mans », se souvient le quadragénaire. Féru de bandes dessinées, et lui-même dessinateur, Jérôme Verrier croquait l'actualité pour Ouest-France il y a quelques années. Ses dessins de presse étaient corrosifs. « C'est le préfet qui trinquait ! » 

Fin 2010, un désaccord avec son patron le pousse à quitter son poste. Des copains le motivent à lancer sa propre entreprise. Il vend alors sa collection de BD, dont plus d'une centaine sont dédicacées. « Ça m'a fait une mise de fond pour m'installer. » L'aventure Point Pub (réalisation d'enseignes) commence en avril 2011.

Malgré un investissement de 700 000 € dans des machines en 2012, l'entreprise de Jérôme Verrier connaît quelques difficultés en 2013 - 2014. « Taxe sur les enseignes, commerces qui ferment, pas d'ouverture derrière, la perte de Carrier... » énumère-t-il. Sans compter la concurrence sur Internet. Mais le graphiste sait s'adapter.

Orne to be wild

     Quand le conseil départemental lance la marque 61, le professionnel de la communication visuelle ne s'y retrouve pas et crée la sienne, Six One. « Pas pour faire de la concurrence mais parce qu'on appréhende les choses différemment. » Son objectif : donner une image dynamique et positive d'Alençon, de l'Orne et de la région. Sur ses T-shirts en coton bio, il imprime des phrases percutantes : Orne to be alive, Orne to be wild, Ici on ne fait pas dans la dentelle, Camembert killer... « J'ai été surpris que tant de Bas-Normands veuillent porter nos slogans. »

     Les banques, elles, n'ont pas suivi. Jérôme Verrier se débrouille pour financer l'initiative. « Je ne l'ai pas fait pour gagner de l'argent, assure-t-il. Les T-shirts finis coûtent 8 ou 9 €, les marges sont faibles. » Il faut dire que le chef d'entreprise a des exigences bien précises : il ne travaille qu'avec des fournisseurs qui peuvent lui prouver qu'ils ne font pas travailler les enfants.

     « C'est simple, mon fournisseur belge me dit toujours : il y a 4 000 usines textiles au Bangladesh, dont 700 officielles. Quinze sont propres pour l'homme et l'environnement et je travaille avec quatre d'entre elles. » Humaniste Jérôme Verrier ? Non, il n'aime pas les étiquettes. 

Anne-Emmanuelle Lambert